dimanche 22 avril 2007

Du géographe à l'internaute

Fut un temps où j'aurais été géographe. Cette phrase, je me la suis longtemps répétée. Longtemps, j'ai imaginé ce métier d'un autre temps, où les géographes faisaient encore le monde. Les continents n'avaient pas les limites que nous leur connaissons, et les frontières se dessinaient progressivement, au fil des aventures des grands et des petits explorateurs, des conquêtes militaires ou des expéditions religieuses. Ainsi, certains hommes partaient au-delà des cartes pour tenter d'atteindre des mondes inconnus, tandis que d'autres tenaient des registres, notant avec précision une foultitude d'information et dessinant scrupuleusement les bordures des nouveaux territoires : les premiers créaient des mythes qui allaient leur survivre, tandis que les seconds, par souci d'exactitude et de vérité, veillaient à transmettre ces mêmes mythes aux générations futures, en consignant des histoires fabuleuses dans d'immenses livres soigneusement archivés.

Fut donc un temps où j'aurais été géographe. Nez fourré dans les atlas, pour découvrir des endroit nouveaux. Pour chercher, plusieurs jours durant, un lieu-dit dans des livres obscurs. Pour conseiller les aventuriers et recueillir les histoires les plus invraisemblables auprès de ceux qui reviendraient de leur périple.

S'il fut un temps où j'aurais été géographe, aujourd'hui, je suis internaute. Depuis que j'ai adopté le haut débit, je Googlise mes propres Wikipeditions à longueur de journée, à la recherche d'horizons plus larges. Je découvre des mondes insoupçonnés, me passionne pour l'e-démocratie, l'e-culture et le copyleft. Je croise et re-croise les informations, surfant entre des espaces francophones, anglophones ou arabophones, et sans pour autant bouger d'un pouce. Je me demande comment était le monde avant la Toile. J'essaye de m'imaginer, à l'âge adulte, vivre les temps d'une enfance pas si lointaine. Pendant des années, j'ai ainsi sillonné le monde en pensée, absorbée dans des cartes diverses et variées, mélangeant allègrement des reliefs en 2D à mes lectures romanesques.

Mais depuis que je suis citoyenne française, j'ai l'impression de vivre dans un monde moins virtuel. Un peu comme si l'acquisition de mon nouveau statut m'avait ouvert les portes du monde réel : je suis désormais une internaute qui voyage pour de vrai. Assez étrangement, "ailleurs" ne se limite plus à des rêveries sans fin devant une carte Michelin.

Aujourd'hui, je suis bloggeuse.

Aujourd'hui, je vote.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

bonjour! j'ai pris connaissance de votre blog par la revue La pensée de midi.

Maya a dit…

Welcome back... And, even if you do travel a lot (in the literal sense this time!), don’t stay away for so long anymore!

Voitachewski a dit…

Ouaiaiaiaiais!!!! Elle est enfin de retour!!!