vendredi 1 septembre 2006

From Zagreb

Apres deux journees de travail intensif, nous sommes arrives a Zagreb aux alentours de 18h.
A l'hotel, pas de wi-fi gratuit cette fois.
J'ai reussi in extremis a trouver un cafe Internet, qui fermera ses portes dans 10 minutes.
Comme au moment des nuits noires a Beyrouth, mon temps est donc limite, et d'autant plus que, ce soir, je tape sur un clavier croate. Au lieu de mon classique AZERTY, j'ai un QWERTZ sans accents, mais avec des touches supplementaires comme š đ č ć ž ß Ł et des signes dont j'ignore l'utilite, comme ˛¸ ˘˙.
J'insiste toutefois pour ecrire un petit post.
Ce soir, et comme d'habitude lorsque je suis en voyage, je voulais envoyer une carte postale a cette Grande Maison, qu'il me manque de ne pouvoir visiter en moment.
Comme d'habitude, j'ai longuement hesite, cherchant la plus belle, avec une seule image qui puisse refleter l'ame de la ville (et non pas, par facilite, une superposition de plusieurs minuscules images sur un format 10x15 qu'il faudra scruter en plissant les yeux).
Comme d'habitude, il faudrait qu'elle soit postee de la ville qu'elle represente : jamais d'ailleurs, jamais de l'aeroport, jamais d'un autre pays.
Comme d'habitude, lorsque l'agent de poste ne saura pas situer "Lebanon", je lui dirai "next to Israel".
En voyage professionnel ou personnel, seule ou accompagnee, le meme rituel se repete, depuis que j'en ai fait la promesse. Qu'il pleuve, qu'il vente ou que nous soyons en retard, je m'entete vouloir a envoyer ces cartes postales, en simple gage d'amitie. Je me plais a imaginer l'itineraire que suivra la carte : je la suis en pensee, dans ses peregrinations aeriennes, terrestres et maritimes. Je me demande si elle rivalise avec celles qui l'ont precedees. J'imagine l'effet qu'elle fera a l'arrivee. Je souris en pensant a mes amis.
Ainsi, depuis quelques annees, des cartes ont ete minutieusement choisies, a Ispahan, a Stonehenge, a Cadaques ou a Kampala. D'aucuns peuvent temoigner des sueurs froides qu'elles ont causees.
Ce soir, apres avoir choisi une magnifique carte dotee d'une vue surplombante sur les toits rouges de Zagreb, j'ai feuillete le Lonely Planet, a la recherche d'une poste qui serait ouverte tard dans la nuit.
Puis un eclair m'a traverse l'esprit.
Le blocus israelien m'est revenu a la memoire, avec le meme effet de surprise qu'un bug sur un ecran Windows.
Je m'en suis voulue qu'il suffise de deux jours d'un boulot particulierement interessant, loin de mon environnement naturel, pour que j'en arrive presque a oublier.
Je m'en suis voulue quelques secondes.
Puis j'ai trouve la solution.
Ce soir, j'ecrirai la carte, malgre tout.
Demain, avant de me rendre a l'aeroport pour le vol de 10h25, j'irai a la Poste. Je demanderai un timbre. For Lebanon. Lebanon, Middle East, near Israel.
Demain, je collerai le timbre sur la carte que j'ai choisie, et je ferai une requete pour le moins inhabituelle a l'agent de poste : je lui demanderai d'obliterer le timbre et de me rendre la carte.
Demain, j'emporterai la carte avec moi a Budapest, a Paris, et puis, des que possible, a Beyrouth.
Demain, je joue au facteur.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

NAd
Comme toi, je la cherche la 3e voie (ou voix?), je l'avais trouvée un petit peu dans les idées de Samir Kassir et ce matin encore une petit peu dans cet article de l'Orient le jour

Bises
MC (La fille de MArielle :-) )

http://www.lorient-lejour.com.lb/page.aspx?page=article&id=321111