mardi 29 août 2006

Keep smiling

Avec mon collègue, nous sommes logés à l'hôtel Firenza. Je trouve très amusant de descendre à Florence alors que nous sommes en pleine campagne serbe de Bosnie. Les parois de l'hôtel ne m'empêchent nullement d'entendre tout ce qui se passe dans les rues. Au mur, une horloge marque en permanence 9h59 et 5 secondes depuis deux jours. Comme dans une certaine nouvelle, je me demande si ce n'est pas un moyen politiquement correct d'indiquer La Mecque.Banja Luka a beau être une capitale, elle ressemble plutôt à un gros village : beaucoup de vert, de l'herbe jusqu'au bord des maisons, et beaucoup de toits rouges. Au bord de la rivière Vrbas, il y a un château du XVIe siècle, un des rares monuments de la ville. Il est situé en bas à gauche de cette photo de Google Earth. Mon hôtel est au centre de la boussole, en haut à droite. Nous avons dîné dans le restaurant du château : sur la porte, un autocollant signifiait l'interdiction des chiens et des revolvers dans la salle. A Beyrouth, du côté de Raouché, et sur un sticker identique, ce sont les kalachs qu'on demande de laisser dehors.
En me baladant, j'ai pris un char en photo, en me disant que je pourrai peut-être le faire passer pour un char israélien empêtré dans le bourbier libanais.
En lisant le Lonely Planet, j'ai appris qu'un tremblement de terre avait détruit 80% de la ville en 1969, et que ses 16 mosquées ont été rasées en 1993. Je ne verrai donc jamais la mosquée Ferhadija qui datait de 1580, pour être venue dans cette ville quelques 13 années trop tard. Comme d'habitude, j'ai été vérifier ce que Wikipedia avait à en dire. J'y ai trouvé cette image de la mosquée, avec la mention suivante : "Image from ferhadija.com with specific permission from the webmaster".
J'ai voulu coller la photo "après", en écho à un autre avant / après sur ce blog, mais les droits de d'utilisation de la deuxième image se sont avérés trop complexes. Il semblerait que la tentative de reconstruction de cette mosquée ait engendré des émeutes en 2001. Se pourrait-il qu'ici, on n'ait pas tiré les leçons du passé ? Lonely Planet confirme ce qui m'a étonnée sur Wikipedia : "Bosnia's Muslims had to declare themselves to be either Serbs or Croats until 1971, when 'Muslim' was declared to be a nationality unto itself".
Je suis contente d'avoir toutefois vu une (autre) mosquée en construction, presque achevée celle-là, au détour d'une rue : elle ressemblait à une vieille maison libanaise, avec un petit minaret rouge brique, dans les chaudes teintes du soleil couchant dans les Balkans. Par sa taille sans prétention, elle m'a fait penser à la mosquée de Deir-el-Qamar.
Sur CNN, j'ai vu les attentats d'Istanbul, revendiqués par le PKK. J'ai aussi vu Annan chez moi, avoir un entretien privé avec Siniora, puis avec Fneich. J'ai vu Bush faire son discours, une année après Katrina. Sur le web, j'ai lu que le Hezb et Israël sont en négociation pour la libération des deux soldats, et que SHN a assuré qu'il ne s'attendait pas à une guerre d'une telle ampleur. Je ne ressens rien. Je m'inquiète et vais vérifier d'autres blogs libanais. Partout, les posts s'espacent. On dirait que la vie reprend le dessus.
Par email, je reçois cette pub de Johnnie Walker. Je l'imagine très bien à Dora, juste après le deuxième pont, sur un immeuble à l'entrée de Jal-el-Dib. Je ris. Et je me dis que j'adore l'humour, à toute épreuve, de mes compatriotes.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Nadine!
oui, la vie prend le dessus, et heureusement. Comme dit l'article sur les galeries au Liban qui ouvrent à nouveau leurs portes (dont une située en Banlieue Sud), les Libanais n'aiment pas trop le "boukaa' 3ala atlal" (pleurer sur les ruines). Encore que, j'aurais préféré qu'ils pleurent un peu plus la destruction de nos vieilles bâtisses libanaises. Durant cette dernière aggression (ça ne s'appelait pas une guerre), nous nous disions toi et moi qu'au moins ceux qui veulent tout casser pour monter des tours doivent être calmés dans leur fièvre d'investissement (ces sombres racailles monstrueuses qui veulent toujours s'enrichir plus et ne goûtent même pas à la poésie des pierres de leur propre maison d'enfance). J'espère qu'ils se terrent à jamais dans leur Côte d'Azur, que, pour eux, le Liban soit toujours instable!

Anonyme a dit…

très fin l'allusion à la nouvelle...