lundi 22 octobre 2012

24 heures

24 heures. C'est le temps qu'il m'aura fallu pour bien réaliser que, à deux, trois ou cinq minutes près, j'aurais été en train de traverser la rue de l'attentat au moment fatal. 48 heures plus tard, ça me laisse encore un peu perplexe, un peu perdue, totalement incrédule.

J'ai donc voulu passer un dimanche "normal", en famille, loin des drapeaux et de la foule qui s'agitait au centre-ville et dans laquelle, hélas, je ne me reconnaissais pas. La normalité, pour moi, est un acte de résistance.

Hier soir, comme l'avant-veille, et ce matin, comme hier matin, on entendait encore ce son particulier du verre qu'on balaye. Ce matin, comme hier matin, comme beaucoup d'autres matins, on entendait aussi les oiseaux chanter. Mon cerveau n'arrivait pas à réconcilier le contraste. Je pensais à nos parents et à la génération de la guerre, la guerre d'avant, dont l'horreur était le lot, sinon quotidien, du moins fréquent.

A l'instant où j'écris ces lignes, ce sont les tirs de kalach qu'on entend, plus ou moins proches. Ma2too3a! multiplie les alertes. De mon balcon du 6e étage, je ne vois pourtant rien que des immeubles récents, moches, en béton.

Demain, je dois m'envoler pour Erbil. Triste pays. Triste région.

J'aurais aimé finir ce post sur un autre ton. Mais j'ai beau chercher, au fond de moi, dans le rire anxieux de mes amis, dans ma rue qui, il n'y a pas longtemps, descendait encore paresseusement vers un dédale de vieux immeubles sans intérêt architectural particulier mais à l'esthétique d'une fresque urbaine, et qui se terminait sur la forêt des pins, un bout de montagne et la mer, au loin, par temps clair... j'ai eu beau chercher, aujourd'hui, pendant la quinzaine des anniversaires de mes amis, journées habituellement festives et attendues avec la joie anticipée des célébrations rituelles, je n'ai vu que tristesse, révolte et lassitude.

J'hésite moi-même entre les trois. J'aimerais que les tirs s'arrêtent et que mon envie d'en découdre disparaisse.

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