jeudi 20 juillet 2006

From Trainspotting and Siniora

Trainspotting m'avait fait l'effet d'une révélation : j'avais retenu mon souffle pendant deux heures, et définitivement pris le parti de la vie à la sortie du film. Je cite l'extrait qui m'a marquée et que l'on pouvait acheter pour 10F (aujourd'hui 2€) dans les couloirs du métro parisien.
Choose Life. Choose a job. Choose a career. Choose a family. Choose a fucking big television, choose washing machines, cars, compact disc players and electrical tin openers. Choose good health, low cholesterol, and dental insurance. Choose fixed interest mortgage repayments. Choose a starter home. Choose your friends. Choose leisurewear and matching luggage. Choose a three-piece suite on hire purchase in a range of fucking fabrics. Choose DIY and wondering who the fuck you are on a Sunday morning. Choose sitting on that couch watching mind-numbing, spirit-crushing game shows, stuffing fucking junk food into your mouth. Choose rotting away at the end of it all, pishing your last in a miserable home, nothing more than an embarrassment to the selfish, fucked up brats you spawned to replace yourself. Choose your future. Choose life...
Fouad Siniora a dit à peu près la même chose aujourd'hui :
We have chosen life. We refuse to die.
C'est vrai. Je ne veux pas oublier l'immense espoir du 14 mars de l'année dernière. Je ne veux pas oublier ma conviction profonde en la cohabitation pacifique des hommes de ce pays. Je ne veux pas oublier qu'à l'heure de la mondialisation, nous vivons tous dans un énorme patchwork culturel.
300 morts et 1.000 blessés depuis le début de cette semaine infernale au Liban.
Aujourd'hui, 2 arabes israéliens, entre autres (et cet "entre autres" est terrible), sont morts des roquettes du Hezb.
Lorsque Siniora a demandé si la vie des libanais valait moins que celle des autres citoyens de ce monde, je me suis demandé pourquoi il ne l'avait pas littéralement dit : est-ce que la vie d'un libanais vaut moins que celle d'un israélien ?
Vaut-elle moins ?
Les deux perforeuses d'Ashrafieh ne sont finalement qu'un peu carbonisées : par égard au malheur ambiant, l'événement n'aurait pas figuré dans ce blog n'était-ce sa proximité.
J'ai reçu un texto appelant à une manifestation de protestation demain à 11h, devant les bâtiments de l'ESCWA (Economic and Social Commission for Western Asia) au centre-ville. La même question est sur toute les lèvres : "Et s'ils bombardent la manifestation ?"
Je suis effarée de constater à quel point la plus ignoble des ignominies est devenue envisageable : les images de ces derniers jours sont si épouvantables que le "3adouw es-souhyouni" (ie, l'ennemi sioniste, ainsi qualifié par Al Manar) est désormais paré des mêmes attributs que le diable. Est-ce que quelqu'un d'autre que moi se demande ce que pensent les pilotes des bombardiers israéliens ? Je ne peux pas croire qu'ils se réjouissent tous de ce qu'ils sèment, fussent-ils convaincus de leur droit à se défendre. Je me demande s'il y a autre chose que la peur qui puisse susciter une telle folie destructrice.
Tout ceci me fait fortement penser au Maccarthisme et à la chasse aux sorcières. L'ennui ici, c'est qu'il y en a chez les rouges qui appuient Mac Carthy.
Mais enfin...
Good night (et, si je peux me permettre, good luck).

1 commentaire:

sangli a dit…

"Est-ce que quelqu'un d'autre que moi se demande ce que pensent les pilotes des bombardiers israéliens ? Je ne peux pas croire qu'ils se réjouissent tous de ce qu'ils sèment ..."

J'ai entendu parler, il y a un ou deux ans, de quelques pilotes israéliens qui refusaient d'intervenir en Cisjordanie. En fait, ils n'étaient déjà plus en service actif, et ils ont eu quelques ennuis avec leur hiérarchie.

Contrairement à ce qu'en pensait Descartes, les êtres humains sont peu rationnels, et réagissent surtout en fonction de leurs émotions.

Beaucoup de pilotes de la seconde guerre mondiale ont publiés leurs mémoires. Il y transparait beaucoup d'enthousiasme, et peu de remords.