No comments
Les statistiques de fréquentation de mon site se maintiennent à une moyenne honorable, mais quant aux commentaires, no comments... Ce blog me fait développer de nouvelles relations qui se transforment parfois en relations extra-bloggiennes, ce qui, par voie de conséquence, fait diminuer le nombre de commentaires et augmenter le nombre d'emails et de messages sur msn. Du coup, quand la fatigue l'emporte sur ma volonté de m'exprimer, quand mes notes restent à l'état embryonnaire ou quand les post-its s'accumulent autour de mon ordinateur, je suis tentée de laisser un commentaire anonyme sur mes popres posts, juste pour éviter de me prendre trop au sérieux.
Vendredi, j'ai bien entendu le discours du Sayyed, retransmis à 20h sur la LBC et la Future (19h à Paris). Le matin, j'avais également vu les images de ces milliers de chaises, alignées en rectangles blancs bien ordonnés, en plein milieu de Dahyé. Celle du Nahar m'avait marquée.
Les manifestations du Hezb sont habituellement impressionnantes, à la fois par leur masse et leur organisation. Prendre du recul et sourire à l'image de cette irakienne de Damas, venue apporter son soutien au Sayyed, n'y change rien : lors de ces occasions, on a toujours vu défiler des bus immatriculés en Syrie, sans que l'on puisse pour autant savoir si cette inflation du nombre de manifestants est significative (ou pas). Mais le débat importe peu, puisque le Hezb jouit d'une popularité qu'il serait vain de vouloir minimiser et qui, depuis juillet 2006, semble dépasser les frontières nationales. Cette internationalisation ne l'empêche ni d'être fondamentalement intégré dans le tissu libanais, ni d'avoir son destin étroitement lié au mien.
Des manifestations des uns aux manifestations des autres, qui peut dire l’angoisse face à l’étalage de force, le dégoût face à la stagnation ? Qui peut dire cette envie de partir, de tout abandonner, d’oublier jusqu’au nom de son pays, et de ne plus entendre parler du Moyen-Orient ? Et qui peut expliquer la coexistence simultanée du sentiment exactement inverse (et plus puissant?), le refus de quitter sa terre, sa maison, et l'acharnement à vouloir vivre avec toutes les autres communautés dans ce pays où, comme l’a si bien résumé le mail d'un copain :
"Mon horloge biologique (…) vibre au même rythme que le sol, et je suis en phase".
Quel émigré ignore donc ce déphasage avec sa terre d’accueil ?
Moi, j’adore ma ville-lumière, j’adore ses feuilles mortes, son urbanité et sa pierre, j’adore jusque le gris de ses toits et de son ciel. Je préfère certes les couloirs pour vélo, mais j'aime reconnaître, de temps en temps, l'odeur caractéristique du métro. J’aime le service public, mon courrier distribué deux fois par jour, les trains qui ne déraillent pas et l’électricité qui ne souffre d'aucune rupture. J’adore ma freebox et les cinémas parisiens. J’adore l’odeur des crêpes et les librairies qui pullulent. J'aime polémiquer sur les politiques futures de Sarkozy ou de Ségolène, et débattre de Béatrice Schonberg vs Mme Borloo. J'aime Le Monde, Libé, le Courrier International et la pléthore de journaux dans toutes les langues que l'on peut acheter en kiosque ou en Relais H. J'adore l'Académie Française, l'accent marseillais et le titi parisien. Et je défendrai jusqu'au bout le droit des hommes à vivre en frères libres et égaux, même si la réalité française s'est avérée plus nuancée que ce que m'ont appris, en classe de 4ème, les 17 articles de la déclaration de l'Homme et du citoyen du 26 août 1789.
Mais quand mon autre pays traverse l’une de ces innombrables phases turbulentes dont il a le secret, je me sens en déphasage absolu avec mon ici-maintenant. J’envie l’indifférence de mes collègues et leur capacité à continuer "comme si de rien n’était". Je m’agite intérieurement, peste, et mon regard balance entre les fenêtres de Windows et celles de mon bureau. J'ai envie d'être européenne "de souche" autant que j’ai envie d’être ailleurs, c'est-à-dire d’être à Beyrouth.
Et lorsque je suis dans mon autre ville, je me surprends à rêver de celle-ci : je rêve d’un temps moins indolent et plus intense, d’une vie pleine et trépidante, de cette impression "d’avancer" que j’ai ici, et qui se mue si facilement en attente là-bas.
Qui peut donc dire ce perpétuel déchirement et ce balancement de toutes les secondes ?
Pour moi, le discours du Sayyed ne fait que générer une nouvelle attente, et la réponse de Marwan Hamadé, porte-parole de Joumblat, ne fait que reposer l'éternelle question : "Qu'est-ce qui va se passer maintenant ?".
A cette question, les libanais répondent, depuis longtemps (mais après d'âpres discussions), par un très philosophique : "On verra bien...". Et en attendant de voir, la vie continue, trépidante à Paris et stagnante à Beyrouth. Dans tout ça, moi, je n'entends presque plus les avions survoler ma ville.
Et pour les moments où je me sentirais nostalgique, je pense très sérieusement investir dans un masseur USB, en vente chez Surcouf pour la modique somme de 9,90€ . Rien qu'à la perspective, je ris, je ris...
3 commentaires:
quant aux commentaires, no comments..."
Ca bouge ailleurs. Coup d'état en Thaïlande, Chavez décevant, dérapage papal, guerre civile irakienne, Hamas plus raisonnable ...
Et il faut bosser pour manger. Pas trop le temps de s'intéresser aux affaires du monde et de toute façon, personne ne semble y comprendre grand'chose à commencer par ceux dont c'est le métier.
San
j'ai laisse un commentaire il y a 2 ou 3 posts mais visiblement un peu trop tard pour etre lu. Je retente donc ma chance sur ton dernier post puisque effectivement, l'afflux de reponse a sensiblement diminue ces derniers temps. Tu parles de la tombe d'un prophete et tu en montres la photo a la frontiere sud. La premiere fois que je suis alle a cet endroit, j'ai moi meme pris quelques photos car je trouvais ca vraiment etrange. Un ami m'avait alors dit que c'etait la tombe d'un prophete commun aux chiites et aux juifs. Mais je n'en ai plus jamais entendu parle jusqu'a ce que tu en parles sur ton Blog. Qu'en penser? Est-ce que le respect commun de ce prophete et le partage de l'acces a la tombe signifie un respect mutuel quant a la croyance religieuse, si differente soit elle? est ce un accord ponctuel ou une decision imposee lors de la demarcation de la ligne bleue? je m'interroge beaucoup quant a la symbolique de ce tombeau partage et quant a son histoire. Si tu pouvais developper un peu ce que tu sais sur l'histoire de cette tombe, ca m'interesserait beaucoup. Merci d'avance.
Guilhem (Shanghai)
gpouillevetATyahoo.fr
now I stay tuned!
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