mais voir un ami pleurer
Je ne pensais pas reprendre la rédaction de ce blog en de pareilles circonstances. Hier, le Monde disait que le dernier attentat remontait à janvier 2008. Pratiquement, il y a 5 ans. Je n'y croyais pas. Je repassais en tête la liste des attentats de ces dernières années. Je me disais que ça ne pouvait pas faire 5 ans. Que Samir, que Gebran, que les autres, c'était hier.
Ce matin, j'ai ouvert mon fichier "attentats.txt", démarré au moment de rédiger mes articles d'hommage à Samir Kassir. Je me souviens qu'en regardant le hors-série qui lui était consacré, je n'étais pas mécontente d'y retrouver, imprimée, mon idée d'utiliser les petites bombes de Word en guise de bullet points.
Ce matin, je me suis réveillée comme je me suis endormie, triste, au son des balais sur les débris de verre. De ma fenêtre sans vitre, j'ai regardé les fenêtres des voisins, elles aussi sans vitres, parfois déjà couvertes de bâches en plastique. J'ai eu envie de vomir.
C'est la première fois qu'un attentat au Liban me fait cet effet. D'habitude, "d'habitude"... D'habitude donc, j'enrage, j'étouffe, je passe ma colère sur le clavier, je cherche à être utile, je rassure, je relis mes mots de colère et je poste. Aujourd'hui, est-ce parce que ça fait 5 ans que je nourris d'autres espoirs, est-ce parce que j'ai mûri de 5 années, est-ce simplement parce que l'attentat a eu lieu dans la rue parallèle, je suis triste, bien au-delà des mots.
Hier, à 13h15, je pestais contre la panne imprévue de courant, après les 3 heures de rationnement, prévues et avérées, de 6h à 9h. En rentrant habiter à Beyrouth, j'avais choisi de calquer, autant que possible, mon mode de vie sur ma vision souhaitée du pays. Ici comme ailleurs, j'ai voulu utiliser ma liberté de citoyen et de consommateur pour signifier mon accord ou mon désaccord. J'ai choisi les rues pacifiques et ce blog pour m'exprimer, j'ai choisi la voie des urnes et la sélectivité dans les produits et services de tous les jours. J'ai donc choisi de ne pas m'abonner au "générateur de courant", par solidarité avec ceux qui, dans ce pays, n'avaient pas les moyens de se l'offrir, par opposition au fait que, plus d'une décennie après la fin de la guerre (l'autre guerre), EDL ne sache toujours pas fournir de l'électricité 24/24 à la majorité des libanais, par refus de soutenir les cartels de "générateurs de quartier", grands bénéficiaires monopolistiques de la pénurie, que je soupçonne de se poser en opposants à une solution 100% publique.
Hier, à 14h00, je pestais encore contre les imprévus de ce pays, contre l'impossibilité, une fois sur deux ou sur trois, de mener sa petite routine sans rencontrer d'obstacles. Hier à 14h06, après 51 minutes de questionnement existentiel sur le meilleur endroit pour mener une conversation téléphonique professionnelle prévue à 15h, le courant était rétabli. Hier, à 14h07, je remontais mon ordinateur à la maison, pariant qu'il n'y aurait pas de panne à 15h, puisque les 3 heures de rationnement quotidien étaient déjà passées. Hier, à 14h21, j'entamais mon déjeuner en quatrième vitesse, louchant régulièrement vers ma montre. Hier, à 14h44, en me lavant les mains, j'ai entendu un bruit sourd. Hier, à 14h45, j'ai décidé qu'une grue s'était effondrée sur un immeuble en construction et que c'était peut-être enfin l'occasion de mettre un frein à la folie immobilière de Beyrouth. Hier à 14h50, je pestais contre mon iPhone, mon Nokia et ma montre, qui n'indiquent pas exactement la même heure. Hier à 14h48, 14h50 ou 14h52, je rentrais chez moi, pensant qu'il fallait presser le pas pour me garder une marge de 5 minutes pour re-démarrer mon ordinateur avant mon appel. Hier, à 14h48 heure de mon Nokia, j'appelais une amie pour lui dire que, hélas, en raison du temps perdu à cause de la panne imprévue, je n'avais pas eu le temps de prendre les billets pour le cinéma de 20h. Comme elle ne répondait pas, je tentais un autre numéro et réalisais que les lignes ne fonctionnaient plus. Hier à 14h50, je remontais la rue alors que des dizaines la dévalaient. Hier, à 14h51, au détour d'une rue, j'ai vu la fumée noire et j'ai compris que ce n'était pas une grue qui s'était effondrée. Hier, à 14h52, je me rapprochais de chez moi. Hier, à 14h53, je commençais à entendre les vitres crisser sous mes baskets. Hier, à 14h53, je réalisais que le sol de mon quartier était jonché de débris et que pas une vitrine de magasin n'était en place. Hier, à 14h53, je répondais "Ok, all fine" aux textos qui arrivaient et n'espérais plus pouvoir passer un coup de fil. Hier, à 14h54, je voyais une vieille dame en pleurs, assise sur une chaise de fortune posée au milieu de la rue, sur le tapis de verre brisé, je voyais des personnes tenter de la consoler. Hier, à 14h54, j'entendais des cris, des exclamations désespérées, un "mais qu'est-ce qu'il y a dans notre rue ?", un "que dieu les envoie en enfer". Hier, à 14h55, je m'avançais dans la rue de l'attentat, divergeant quelques secondes de mon trajet, je levais les yeux, je croisais le visage en sang d'un vieil homme, je rangeais mon téléphone pour lui tendre la main, je le laissais me dépasser pour rejoindre le secours offert par un passant plus dégourdi, je re-sortais mon téléphone pour prendre la photo de l'immeuble en flammes, je pensais à la vanité de mon acte et je re-rangeais mon téléphone. Hier à 14h56, j'arrivais à l'entrée de ma rue, j'entendais la sirène des pompiers dans mon dos, je croisais mon concierge, je m'assurais de son état. Hier à 14h57, je poussais la porte d'entrée de mon immeuble et la lâchais comme d'habitude, en allant appeler l'ascenseur. Hier à 14h57, contrairement à d'habitude, la porte d'entrée s'est refermée en faisant couler une pluie de verre. Hier à 14h58, je prenais l'ascenseur en me disant que ce n'était pas une "best practice" en temps de crise. Hier à 14h59, je décrochais mon téléphone fixe et tentais de rejoindre ma conférence téléphonique en évaluant les dégâts, vitres brisées, débris sur et sous ma table de travail, dans mes citronniers. Hier à 15h00, je me remémorais mes propres mots à l'un de mes jeunes collègues, quelques années plus tôt, qui n'arrivait pas à se concentrer en raison de je ne sais plus quel événement, "dans ce pays, il se passe toujours quelque chose, mais il faut continuer à avancer quand même".
Hier, à 15h04, j'abandonnais. Hier, je ne sais pas comment, il était déjà 15h11 et j'envoyais un mail laconique "Car bomb in the parallel street. Cannot attend the call but all fine". Hier, je ne sais toujours pas comment, il était déjà 15h18 et j'envoyais la photo prise quelques minutes plus tôt "All fine. Only broken windows. Pas de tel par contre. Rue parallèle". Hier, je ne sais plus quand, je faisais tous les étages de mon immeuble pour m'enquérir des voisins, voisines âgées ou femmes enceintes, étudiantes étrangères, tous tendus, choqués, mais indemnes.
Hier, à 16h, je jouais avec ma nièce en attendant que ses parents reviennent à la maison. Je faisais semblant de manger des chaises en légo avec des fourchettes en plastiques, servies dans une assiette rose. Je faisais semblant que c'était le même jeu que d'habitude, sauf que d'habitude je n'aime pas manger des légos verts et jaunes et je suggère des jeux au balcon ou une visite aux chats dans le jardin d'en face. Hier, je m'exclamais "merci maman" à la demande de ma nièce et comptais avec émerveillement ses petites molaires blanches pendant qu'elle s'esclaffait, gorge déployée, à l'idée d'être ma maman. C'était l'instant Kodak, une fraction de bonheur pur.
Hier, à 16h53, je re-rentrais chez moi. Je remarquais les vendeuses qui remettaient la vitrine de l'ABC en place. J'entendais déjà le bruit du verre qu'on balaie. Je continuais de répondre aux textos et appels. Je passais donner un coup de main chez des amis, m'assurer que tout le monde allait bien. Je rentrais chez moi balayer mes propres débris.
Hier, il était déjà 20h et j'avais faim. On avait décidé de se retrouver pour dîner, malgré tout, et comme d'habitude. Hier, à 20h15, je sortais de la douche et ouvrais la porte à une amie, heureuse d'être en vie, heureuse de nous revoir. Hier, à 20h15, je voulais encore sourire parce que mon petit cercle allait somme toute bien et que la casse était limitée. Hier, à 20h15, je me suis souvenue de mon post "Rage à Carthage" et j'ai repensé à cette chanson de Brel.
Hier à 20h45, nous quittions le "Chase", qui donne sur le "Trocadéro local", expression parue, un jour, dans le Monde, pourtant un journal sérieux, pour désigner le place Sassine. J'avais trouvé la comparaison assez incongrue pour l'accrocher sur mon armoire parisienne, à côté de la photo du défilé de Hussein Shalayan. Nous quittions le Chase parce que la cuisine était fermée et que nous avions très faim. Nous avons marché sur l'avenue Elias Sarkis, dite avenue de l'Indépendance. Le verre crissait toujours sous chacun de nos pas. Nous étions en colère, fatigués, énervés. Nous avions faim, et faim d'une vie normale, faim d'une vie où on ne compte pas sur inch'allah, faim d'un humour qui ne serait pas noir, faim d'un avenir différent chez nous et pas ailleurs. Moi, même après dîner, même ce matin, j'ai encore faim d'une autre vie, où on ne verrait pas ses amis pleurer lorsqu'ils se portent bien.
Ce matin, j'ai ouvert mon fichier "attentats.txt", démarré au moment de rédiger mes articles d'hommage à Samir Kassir. Je me souviens qu'en regardant le hors-série qui lui était consacré, je n'étais pas mécontente d'y retrouver, imprimée, mon idée d'utiliser les petites bombes de Word en guise de bullet points.
Ce matin, je me suis réveillée comme je me suis endormie, triste, au son des balais sur les débris de verre. De ma fenêtre sans vitre, j'ai regardé les fenêtres des voisins, elles aussi sans vitres, parfois déjà couvertes de bâches en plastique. J'ai eu envie de vomir.
C'est la première fois qu'un attentat au Liban me fait cet effet. D'habitude, "d'habitude"... D'habitude donc, j'enrage, j'étouffe, je passe ma colère sur le clavier, je cherche à être utile, je rassure, je relis mes mots de colère et je poste. Aujourd'hui, est-ce parce que ça fait 5 ans que je nourris d'autres espoirs, est-ce parce que j'ai mûri de 5 années, est-ce simplement parce que l'attentat a eu lieu dans la rue parallèle, je suis triste, bien au-delà des mots.
Hier, à 13h15, je pestais contre la panne imprévue de courant, après les 3 heures de rationnement, prévues et avérées, de 6h à 9h. En rentrant habiter à Beyrouth, j'avais choisi de calquer, autant que possible, mon mode de vie sur ma vision souhaitée du pays. Ici comme ailleurs, j'ai voulu utiliser ma liberté de citoyen et de consommateur pour signifier mon accord ou mon désaccord. J'ai choisi les rues pacifiques et ce blog pour m'exprimer, j'ai choisi la voie des urnes et la sélectivité dans les produits et services de tous les jours. J'ai donc choisi de ne pas m'abonner au "générateur de courant", par solidarité avec ceux qui, dans ce pays, n'avaient pas les moyens de se l'offrir, par opposition au fait que, plus d'une décennie après la fin de la guerre (l'autre guerre), EDL ne sache toujours pas fournir de l'électricité 24/24 à la majorité des libanais, par refus de soutenir les cartels de "générateurs de quartier", grands bénéficiaires monopolistiques de la pénurie, que je soupçonne de se poser en opposants à une solution 100% publique.
Hier, à 14h00, je pestais encore contre les imprévus de ce pays, contre l'impossibilité, une fois sur deux ou sur trois, de mener sa petite routine sans rencontrer d'obstacles. Hier à 14h06, après 51 minutes de questionnement existentiel sur le meilleur endroit pour mener une conversation téléphonique professionnelle prévue à 15h, le courant était rétabli. Hier, à 14h07, je remontais mon ordinateur à la maison, pariant qu'il n'y aurait pas de panne à 15h, puisque les 3 heures de rationnement quotidien étaient déjà passées. Hier, à 14h21, j'entamais mon déjeuner en quatrième vitesse, louchant régulièrement vers ma montre. Hier, à 14h44, en me lavant les mains, j'ai entendu un bruit sourd. Hier, à 14h45, j'ai décidé qu'une grue s'était effondrée sur un immeuble en construction et que c'était peut-être enfin l'occasion de mettre un frein à la folie immobilière de Beyrouth. Hier à 14h50, je pestais contre mon iPhone, mon Nokia et ma montre, qui n'indiquent pas exactement la même heure. Hier à 14h48, 14h50 ou 14h52, je rentrais chez moi, pensant qu'il fallait presser le pas pour me garder une marge de 5 minutes pour re-démarrer mon ordinateur avant mon appel. Hier, à 14h48 heure de mon Nokia, j'appelais une amie pour lui dire que, hélas, en raison du temps perdu à cause de la panne imprévue, je n'avais pas eu le temps de prendre les billets pour le cinéma de 20h. Comme elle ne répondait pas, je tentais un autre numéro et réalisais que les lignes ne fonctionnaient plus. Hier à 14h50, je remontais la rue alors que des dizaines la dévalaient. Hier, à 14h51, au détour d'une rue, j'ai vu la fumée noire et j'ai compris que ce n'était pas une grue qui s'était effondrée. Hier, à 14h52, je me rapprochais de chez moi. Hier, à 14h53, je commençais à entendre les vitres crisser sous mes baskets. Hier, à 14h53, je réalisais que le sol de mon quartier était jonché de débris et que pas une vitrine de magasin n'était en place. Hier, à 14h53, je répondais "Ok, all fine" aux textos qui arrivaient et n'espérais plus pouvoir passer un coup de fil. Hier, à 14h54, je voyais une vieille dame en pleurs, assise sur une chaise de fortune posée au milieu de la rue, sur le tapis de verre brisé, je voyais des personnes tenter de la consoler. Hier, à 14h54, j'entendais des cris, des exclamations désespérées, un "mais qu'est-ce qu'il y a dans notre rue ?", un "que dieu les envoie en enfer". Hier, à 14h55, je m'avançais dans la rue de l'attentat, divergeant quelques secondes de mon trajet, je levais les yeux, je croisais le visage en sang d'un vieil homme, je rangeais mon téléphone pour lui tendre la main, je le laissais me dépasser pour rejoindre le secours offert par un passant plus dégourdi, je re-sortais mon téléphone pour prendre la photo de l'immeuble en flammes, je pensais à la vanité de mon acte et je re-rangeais mon téléphone. Hier à 14h56, j'arrivais à l'entrée de ma rue, j'entendais la sirène des pompiers dans mon dos, je croisais mon concierge, je m'assurais de son état. Hier à 14h57, je poussais la porte d'entrée de mon immeuble et la lâchais comme d'habitude, en allant appeler l'ascenseur. Hier à 14h57, contrairement à d'habitude, la porte d'entrée s'est refermée en faisant couler une pluie de verre. Hier à 14h58, je prenais l'ascenseur en me disant que ce n'était pas une "best practice" en temps de crise. Hier à 14h59, je décrochais mon téléphone fixe et tentais de rejoindre ma conférence téléphonique en évaluant les dégâts, vitres brisées, débris sur et sous ma table de travail, dans mes citronniers. Hier à 15h00, je me remémorais mes propres mots à l'un de mes jeunes collègues, quelques années plus tôt, qui n'arrivait pas à se concentrer en raison de je ne sais plus quel événement, "dans ce pays, il se passe toujours quelque chose, mais il faut continuer à avancer quand même".
Hier, à 15h04, j'abandonnais. Hier, je ne sais pas comment, il était déjà 15h11 et j'envoyais un mail laconique "Car bomb in the parallel street. Cannot attend the call but all fine". Hier, je ne sais toujours pas comment, il était déjà 15h18 et j'envoyais la photo prise quelques minutes plus tôt "All fine. Only broken windows. Pas de tel par contre. Rue parallèle". Hier, je ne sais plus quand, je faisais tous les étages de mon immeuble pour m'enquérir des voisins, voisines âgées ou femmes enceintes, étudiantes étrangères, tous tendus, choqués, mais indemnes.
Hier, à 16h, je jouais avec ma nièce en attendant que ses parents reviennent à la maison. Je faisais semblant de manger des chaises en légo avec des fourchettes en plastiques, servies dans une assiette rose. Je faisais semblant que c'était le même jeu que d'habitude, sauf que d'habitude je n'aime pas manger des légos verts et jaunes et je suggère des jeux au balcon ou une visite aux chats dans le jardin d'en face. Hier, je m'exclamais "merci maman" à la demande de ma nièce et comptais avec émerveillement ses petites molaires blanches pendant qu'elle s'esclaffait, gorge déployée, à l'idée d'être ma maman. C'était l'instant Kodak, une fraction de bonheur pur.
Hier, à 16h53, je re-rentrais chez moi. Je remarquais les vendeuses qui remettaient la vitrine de l'ABC en place. J'entendais déjà le bruit du verre qu'on balaie. Je continuais de répondre aux textos et appels. Je passais donner un coup de main chez des amis, m'assurer que tout le monde allait bien. Je rentrais chez moi balayer mes propres débris.
Hier, il était déjà 20h et j'avais faim. On avait décidé de se retrouver pour dîner, malgré tout, et comme d'habitude. Hier, à 20h15, je sortais de la douche et ouvrais la porte à une amie, heureuse d'être en vie, heureuse de nous revoir. Hier, à 20h15, je voulais encore sourire parce que mon petit cercle allait somme toute bien et que la casse était limitée. Hier, à 20h15, je me suis souvenue de mon post "Rage à Carthage" et j'ai repensé à cette chanson de Brel.
Hier à 20h45, nous quittions le "Chase", qui donne sur le "Trocadéro local", expression parue, un jour, dans le Monde, pourtant un journal sérieux, pour désigner le place Sassine. J'avais trouvé la comparaison assez incongrue pour l'accrocher sur mon armoire parisienne, à côté de la photo du défilé de Hussein Shalayan. Nous quittions le Chase parce que la cuisine était fermée et que nous avions très faim. Nous avons marché sur l'avenue Elias Sarkis, dite avenue de l'Indépendance. Le verre crissait toujours sous chacun de nos pas. Nous étions en colère, fatigués, énervés. Nous avions faim, et faim d'une vie normale, faim d'une vie où on ne compte pas sur inch'allah, faim d'un humour qui ne serait pas noir, faim d'un avenir différent chez nous et pas ailleurs. Moi, même après dîner, même ce matin, j'ai encore faim d'une autre vie, où on ne verrait pas ses amis pleurer lorsqu'ils se portent bien.
1 commentaire:
Cool de te relire... Même si ça aurait été plus sympa dans d'autres circonstances...
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