Première pluie sur Beyrouth
Invariablement, peu après l'équinoxe d'automne, la température à Beyrouth baisse de 2 ou 3 degrés. L'étouffante humidité du mois d'août cède la place à une chaleur plus légère, quoique encore juste assez enveloppante. Le soleil, toujours généreux, se fait plus timide. Le soir, une petite brise remonte les rues, en provenance de la Méditerranée, faisant bruisser les arbres et les fleurs roses des bougainvilliers. Les touristes partis, la ville retrouve un rythme moins effréné. La mer s'agite et se rafraîchit insensiblement. De Beyrouth jusqu'à Tripoli, elle envoie ses vagues s'écraser bruyamment contre les rochers.
Depuis toujours, aux premiers signes d'un changement de climat, j'attends avec impatience la première pluie qui mouillera le sol assoiffé de ma ville. Je scrute le ciel, déjà un peu plus limpide, tentant de prédire l'avenir des nuages qui s'accumulent en grosses pelotes blanches et grises. Je me réjouis de l'air plus léger et plus clair, que j'aime à considérer comme annonciateur d'un futur plus paisible.
Depuis des années, je suis émerveillée par la première pluie de l'automne beyrouthin. J'adore la surprendre depuis chez moi, en contemplant la maison d'en face et son jardin tout à coup reluisant, après de longs mois poussiéreux et chauds. Mais même lorsqu'elle me surprend, ailleurs dans la ville, je ferme les yeux pour mieux apprécier l'odeur de terre mouillée qui se dégage du sol. C'est un moment de grande délectation et de pur bonheur, peut-être commun à nombre de libanais. Que de fois, exilée à l'étranger, j'ai cru sentir ce parfum indescriptible, mélange de terre fertile et d'eau. Que de fois ai-je souhaité être là, pour assister à cette première pluie et m'en sentir vivifiée, au même titre que mon sol natal.
Pouvoir aujourd'hui, une fois de plus, témoigner du petit miracle que permettent encore les rares espaces verts de Beyrouth, me ravit. Bientôt la rentrée, l'odeur des cahiers neufs et le choix méticuleux de la gomme et des cartouches d'encre... Je revois mon enfance, tranquille malgré la guerre (d'avant) qui faisait rage, et dont, relativement préservée, je ne saisirai le sens tragique que bien plus tard.
A Beyrouth ce soir, je rêve également de pouvoir faire crisser sous les pneus de mon vieux vélo les feuilles mortes qui jonchent les quais et les boulevards de Paris, avant que n'interviennent les équipes de nettoyage de la ville.
C'est l'automne. Une nouvelle année commence. Ni l'année calendaire, ni l'année de l'Hégire, ni même Nourouz. Plutôt l'année qui rassemble tous les écoliers du monde sous un même préau. Celle qu'ils attendent et que, parfois, ils redoutent : l'année scolaire, avec son lot de trajets en autocar, de surveillants à la voix muante et de notes de tout genre. L'automne, c'est aussi et surtout ça. Moi, toujours bercée par ce rythme annuel, je me demande comment les enfants, devenus adultes, en arrivent à oublier ce qui les a unis si fort.
Mais en attendant une improbable réponse et les résultats du dialogue national libanais, c'est avec sérénité et bonheur que je me prépare à entamer 2008/2009...
Depuis toujours, aux premiers signes d'un changement de climat, j'attends avec impatience la première pluie qui mouillera le sol assoiffé de ma ville. Je scrute le ciel, déjà un peu plus limpide, tentant de prédire l'avenir des nuages qui s'accumulent en grosses pelotes blanches et grises. Je me réjouis de l'air plus léger et plus clair, que j'aime à considérer comme annonciateur d'un futur plus paisible.
Depuis des années, je suis émerveillée par la première pluie de l'automne beyrouthin. J'adore la surprendre depuis chez moi, en contemplant la maison d'en face et son jardin tout à coup reluisant, après de longs mois poussiéreux et chauds. Mais même lorsqu'elle me surprend, ailleurs dans la ville, je ferme les yeux pour mieux apprécier l'odeur de terre mouillée qui se dégage du sol. C'est un moment de grande délectation et de pur bonheur, peut-être commun à nombre de libanais. Que de fois, exilée à l'étranger, j'ai cru sentir ce parfum indescriptible, mélange de terre fertile et d'eau. Que de fois ai-je souhaité être là, pour assister à cette première pluie et m'en sentir vivifiée, au même titre que mon sol natal.
Pouvoir aujourd'hui, une fois de plus, témoigner du petit miracle que permettent encore les rares espaces verts de Beyrouth, me ravit. Bientôt la rentrée, l'odeur des cahiers neufs et le choix méticuleux de la gomme et des cartouches d'encre... Je revois mon enfance, tranquille malgré la guerre (d'avant) qui faisait rage, et dont, relativement préservée, je ne saisirai le sens tragique que bien plus tard.
A Beyrouth ce soir, je rêve également de pouvoir faire crisser sous les pneus de mon vieux vélo les feuilles mortes qui jonchent les quais et les boulevards de Paris, avant que n'interviennent les équipes de nettoyage de la ville.
C'est l'automne. Une nouvelle année commence. Ni l'année calendaire, ni l'année de l'Hégire, ni même Nourouz. Plutôt l'année qui rassemble tous les écoliers du monde sous un même préau. Celle qu'ils attendent et que, parfois, ils redoutent : l'année scolaire, avec son lot de trajets en autocar, de surveillants à la voix muante et de notes de tout genre. L'automne, c'est aussi et surtout ça. Moi, toujours bercée par ce rythme annuel, je me demande comment les enfants, devenus adultes, en arrivent à oublier ce qui les a unis si fort.
Mais en attendant une improbable réponse et les résultats du dialogue national libanais, c'est avec sérénité et bonheur que je me prépare à entamer 2008/2009...
3 commentaires:
Nostalgie , Optimisme & Entrain : que du bonheur !!
l'odeur des "premières pluies" est unique à Beyrouth!
D'ailleurs la notion de "premières pluies" existe-t-elle ailleurs?
Bon point, mc... Je ne sais pas, mais j'imagine qu'il doit bien y avoir d'autres pays, dans ce vaste monde, où la notion de "saisons" n'est pas purement théorique... :)
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