De tout et de rien
Hussein el Hajj Hassan, député du Hezb, m'a agacée jusqu'au jour où j'ai réalisé qu'il pourrait incarner à la perfection sa propre caricature aux Guignols de l'info. D'habitude, il n'a pas de moustache et, du coup, ses lèvres paraissent encore plus saillantes que sur cette photo de la LBC.
Cet homme, député du Hezb (je me répète), avait excité les jeunes partisans devant l'Escwa il y quelques semaines. Hier, il a quand même dit, en réponse à Bachar, qu'il ne pouvait pas considérer les forces du 14 mars (2005) comme des "collabos" (3amil) israéliens ou américains. Il semblerait qu'il se soit rétracté par la suite, mais l'essentiel est là : le régime syrien ne semble même plus trouver écho chez ses proches alliés au Liban.
Pour arriver à temps pour les infos de Beyrouth (20h heure locale, 19h heure de Paris), je dois quitter le bureau particulièrement tôt, pester en attendant le bus et m'obliger à ne pas regarder l'heure entre deux stations de métro. La semaine prochaine, je reprendrai définitivement mon rythme parisien : après le carnet de notes, exit la LBC et la Future en direct live. Exit également le trajet en bus+métro : mon vieux vélo, garé dans ma rue depuis 6 semaines, m'attend avec impatience.
Aujourd'hui, les débats tournaient autour de la FINUL II - Le retour : la Lituanie veut participer au jeu, mais tout le monde attend que la France se décide à en rédiger les règles ; la France attend sans doute que le Hezb fixe les siennes ; lequel attend que l'Iran finisse de ré-entamer les négociations autour du nucléaire ; qui attend que les US lui proposent un assez bon deal ; etc, etc, etc. En bref, on attend.
Khamenei a proclamé la victoire de l'Islam, comme si l'Iran n'avait pas mené la guerre contre les musulmans d'Irak. Aujourd'hui, on va un cran plus loin, et on dit chiites contre sunnites, mais ce sont bien, depuis toujours, les mêmes luttes de pouvoir que l'on observe.
Joumblat a répondu à Bachar, dans son style habituel, cru et un peu sarcastique. Cet homme, aux cheveux plus gris que jamais, leader de la communauté druze, au profit de laquelle il a accaparé le Parti Socialiste libanais, a aussi demandé des comptes au Sayyed, arguant à juste titre que les maisons se reconstruisent plus facilement que la confiance. Comme moi hier, mais de façon explicite, il a eu une pensée pour Michel Kilo, intellectuel syrien arrêté le 14 mai 2006 pour avoir signé un communiqué invitant à une réforme des relations entre le Liban et la Syrie.
Même Hariri Jr connaissait un regain de tonus proprement étonnant. Il a remercié le peuple syrien "frère", mais il a critiqué de façon particulièrement virulente Bachar et son commerce des morts libanais.
Sur Al Jazeera, une femme à la voix stridente, les yeux presque fermés, essayait de me convaincre que la fatwa à l'encontre du Hezb était une fatwa israélienne. J'ignorais l'existence d'une telle fatwa, mais j'ai failli m'étrangler de rire.
Pendant ce temps, les chars de l'armée libanaise sont entrés à Tyr, de façon peu commune, par voie maritime. Les combattants du Hezb étaient invisibles, à nouveau fondus dans le décor. Les habitants étaient aussi invisibles, trop occupés à enterrer leurs morts. De ces images, je n'ai retenu que le retour des barrages. Des barrages, j'en ai connu de toutes les formes et de toutes les couleurs : quasi-invisibles ou totalement tape-à-l'oeil, avec des hommes en kaki ou en treillis ramagé, des militaires ou des civils (généralement les services de renseignements). Adolescents et tout jeunes conducteurs à la fin de la guerre (d'avant), nous étions respectueux devant les soldats libanais que nous appelions "watan" (ie, pays). Nous réservions par contre un silence méprisant aux soldats syriens, et leur lancions des regards plein de défis que nous n'aurions jamais pu relever. Pour venger notre impuissance, a posteriori, nous reprenions les pires blagues à leur sujet, tentant d'oublier qu'ils auraient pu, pour ce même regard, nous laisser mijoter en voiture pendant deux heures, vitres fermées et moteur éteint en plein soleil de midi (et qu'on ne me parle pas de canicule). Quelques années plus tard, nous avions quelques fois pitié des jeunes soldats syriens de notre âge, postés si loin de chez eux, et qui n'avaient d'autre choix que d'exécuter les ordres du régime de fer d'Assad père. Nous mûrissions déjà.
L'aéroport international de Beyrouth (récemment rebaptisé aéroport Rafic Hariri) a repris ses activités aujourd'hui. Un couloir vers Amman est désormais ouvert : de là, la MEA (ie, la compagnie nationale) desservira tous les pays du Golfe et l'Egypte. Les vols vers l'Europe continueront d'être opérés à partir de Damas. En attendant la levée du blocus... Siniora a-t-il réussi à convaincre Condie de l'absurdité de ce blocus ? Pareillement, je me demande pourquoi, une fois que le gouvernement Olmert avait voté l'application de la 1701, les raids ont continué jusqu'à la dernière minute "légale" : à quoi auront donc servi les 14 dernières heures de bombardements intensifs ?
Par mail, je reçois des appels pour traîner en justice tantôt Israël, et tantôt le Hezb. Moi, j'aimerais que l'on puisse poursuivre, entre autres (toujours cet "entre autres"), l'auteur du bombardement des réservoirs de fuel de Jiyé : en quoi donc est-ce que la pollution de la Méditerranée est une garantie de sécurité pour Israël ? Cette marée noire qui s'étale sur 140 Kms est pire que celle de l'Erika. Il nous faudra peut-être 5 ans avant de pouvoir nous baigner proprement sur les plages du Liban.
Mais aujourd'hui, j'ai reçu la plus belle nouvelle qui soit de Beyrouth : mes amis ont été nager, dans une piscine, en plein air. Moi, j'ai presque entendu les cris des enfants, et j'ai senti l'odeur du chlore et du gazon mouillé jusqu'à Paris. Il ne m'en faut pas plus, ce soir, pour me coucher de bonne humeur.
6 commentaires:
Du coup Nadine, ces derniers jours tes propos perdent de leur objectivité et par conséquent de leur credibilité et commencent a ressembler a tous les propos plus ou moins "biased" que l'on entend ca et la. Ce serait bien dommage que tu perdes cette facon de relater les choses avec une objectivité et un personal touch bien a toi qui nous les fait vivre intensement. Je t'ecris Nadine avec bcp de "ma77abé" je le dis en Arabe comme sa traduction exacte n'existe pas en Francais. Ce n'est vraiment pas digne de toi que de commencer un post en critiquant l'apparence de quelqu'un, ne perds pas ce style tellement eloquent, qui t'a définit jusqu'à présent.
Réponse à Claudine:
Chère Claudine, c'est domage !
C'est domage que tu ne comprennes pas que Nadine ne s'attaque à personne, que Nadine a juste le sens de l'humour, et qu'il t'en manque une bonne dose. C'est domage que tu ne puisses pas rire avec nous de la Sal3a de Joumblatt des grosses levres de Hajj Hassan ou de la barbe de Nasrallah... tu me fais penser à ses gens qui ont été bruler des pneus parsequ'on a ri un bon coup sur Basmat Watan, tu me fais penser a ces dictateurs qui interdisent toutes plaisaneteries, qui bloquent des sites internet comme myspace ou youtube... Je voudrais citer nadine encore une fois : "tant qu'il y aura de l'humour il y me restera de l'espoir"... Claudine, ton post m'a enlevé un peu de l'espoir que ces derniers temps j'accummule avec difficulté... rions ! rions ! rions ! 3ochtom wa 3acha loubnane. Tiens, va lire "la plaisanterie" magnifique roman de Milan Kundéra, et on en reparle si tu veux...
"que Nadine a juste le sens de l'humour, et qu'il t'en manque une bonne dose".
Ouah! already judged and condemned :) donno why ur on the defensive Camille, my comment was by no means offensive. It was just that Nad's post wasn't like her regulars, which I have always highly appreciated. You may find that funny and many readers too. Well of course that is their opinion and yours, I respect that. All I did was emit mine. To you Nad I say, I hope no offense was taken cos no offense was meant.
Khamenei a proclamé la victoire de l'Islam, comme si l'Iran n'avait pas mené la guerre contre les musulmans d'Irak
nad revoyez vos sources
l'irak avec ces pantins ont declenche la guerre
l'iran depuis des siecles n'a jamais ete agresseur
ce liban avec sa culture propre et la mentalite de son peuple
veut dans un soucis perpetuel de faire valoir ne represente que les antogonismes de toutes les cultures et demagogies du moyen orient
Katioucha :) Islander, Claudine...
Je défends l'humour comme notre dernière arme... Et je serais prêt à le défendre jusqu'au bout... avec acharnement ! Si Claudine n'a pas aimé le dernier post de Nadine.. fair enough.. Je n'ai aucun problème avec ca... je crois au contraire que entre nous, "les bloggeurs de juillets 2006", les critiques sont plus que bienvenues tant sur le style que sur le contenu. Ce sont ces critiques qui nous permettent de nous remettre en cause, de nous améliorer et d'aller de l'avant. D’ailleurs en toute logique je défends autant la libre plaisanterie que la libre critique. Par ailleurs, si on a envie d'être subjectif dans nos blogs, c'est notre droit le plus élémentaire. Et si cela doit passer par l'humour et la dérision eh bien soit ! C’est mon avis...
Cela dit, j'ai peut-être utilisé mon clavier avec un peu de violence ce matin en te répondant Claudine... Mais je réagis violement quand c'est pour défendre le droit à la plaisanterie... J'ai lu ton post du 19.8 Claudine, et merci à toi... nous ne faisons tous que notre devoir, la fameuse Webtifada... peut-être pas seulement notre devoir, peut-être que tous les bloggeurs de juillet mettent beaucoup d'eux-mêmes, de leur intimité de leur personne dans leur blogs... résultat on devient un peu oversensitive...j'espère que rien de ce que je dis n’a été mal pris... et lisons malgré tout la plaisanterie de Kundéra... je crois qu'il est bon de re-lire ce livre en ce moment...
Yalla sans rancune…
sourire, en lisant ces com's...
sourire un peu amer... mais certainement pas plus que celui que pourrait avoir Nadine en lisant certain...
j'ai suivi ce blog en cours, conseillé par un ami à beyrouth,en tentant d'avoir de ses nouvelles, il m'a aiguillé jusqu'ici, je pense à lui et le remercie encore, et remercie mille fois nadine, pour ce blog d'un jour le jour sur place, avec le coeur d'un pays dans ses mots, l'espoir d'un lendemain, les germes d'une paix au creux de ses vingt ans...
alors heureuse de te savoir en france, sachant que ton corps est ici et ton coeur là bas, et que le fil qui les relie est cette plume magnifique...
continue Nad, d'ici d'où que tu sois de poursuivre ce blog...
plus qu'un pays, qu'une situation à un moment donné, c'est une vie sous une plume, une objectivité qui est toujours présente pour ceux qui savent en restant objectifs...
amitié chère Nad, et bienvenue en France...
Nathalie
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