Avant de partir
20h20 : SHN est apparu, mais moins spectaculairement que les dernières fois. De son discours, je n'ai retenu que trois choses :
1. Il a demandé à ses partisans de respecter les affiliations des uns et des autres, et de ne pas heurter la sensibilité des concitoyens qui leur ont ouvert leurs portes (ie, pas de drapeaux, pas de slogans intempestifs, etc.) ;
2. Tout comme Livni, il trouve positif que l'armée libanaise se déploie à la frontière avec Israël ;
3. Il n'a pas menacé d'atteindre "Wa ma ba3da Haida, wa ma ba3da ba3da Haifa".
Il n'en reste pas moins que j'entretiens de sérieux doutes sur l'imminence d'un cessez-le-feu. Qu'est donc venu faire David Welsh, en visite surprise à Beyrouth aujourd'hui ?
A New York, les négociations s'éternisent, sans que personne ne puisse réellement en prédire l'issue. A Dahyé, les immeubles n'en finissent pas de s'effondrer. A Ashrafieh, on attend : on attend le discours du Sayyed, on attend la réunion du conseil de sécurité, et on attend (des heures) pour obtenir quelques litres d'essence. Toute la journée, on attend "que ça s'arrête", "qu'ils arrivent à un accord", "qu'on en finisse de toute cette histoire". On attend de reprendre une vie normale, on attend l'automne dont on sent déjà les premières fraîcheurs, et on attend que les écoles et les universités ré-ouvrent leurs portes. A ces 4 longues semaines d'une attente impuissante, combien d'autres succèderont ? Ici, on espère et on redoute l'avenir à la fois, dans une espèce d'oscillement permanent : je veux croire à un cessez-le-feu, je veux y croire, je veux tellement y croire, et je sais bien, en même temps, qu'il est encore lointain, qu'il est encore trop loin.
Le pont de Arqa a été bombardé pour la 4e fois : son centre s'était déjà écroulé dans le fleuve ; ses piliers ont été touchés aujourd'hui. A Masnaa, on continue de traverser le cratère à pieds.
Merci à ceux qui suivent ce blog, et à ceux qui m'ont laissé des commentaires d'encouragement. Je ferai de mon mieux, une fois à Paris, pour répondre à tous les messages que j'ai reçus. Et je continuerai ce blog, bercée par le brouhaha de la rue parisienne plutôt que par celui des moteurs et des drones israéliens, échangeant les amandes vertes contre des fruits secs, et ma nounou contre rien du tout. Mais il y a une chose que je ne regretterai pas : ma connexion modem à 31.2 Kpbs ; demain, c'est avec un plaisir immense que je retrouverai ma connexion haut débit et la LBCI sur ma Freebox.
En attendant, je n'ai toujours pas de mots pour dire ce que partir signifie : c'est plus qu'un arrachement, c'est un mélange de sentiments violents et confus que je me donne une traversée en mer pour décortiquer calmement. Depuis 24h, j'ai un noeud à l'estomac qui, avec l'aimable participation de mon cerveau, passe son temps à se faire et à se défaire.
Mais en partant, j'emporte avec moi ma détermination : aucun extrémiste, d'aucun bord, ne pourra me priver de mon pays, ni de ses amandes vertes, ni de ceux que j'aime ici. Et si je pars, exactement comme prévu, je reviendrai tout aussi certainement, exactement COMME PREVU.
7 commentaires:
Parfait Nad!
je pleure ya Nadine, pas parce que tu pars, mais parce que ce que tu decris est tellement touchant et tellement exact. Ca fait des jours que j'essaie de decrire ce que je ressens, et comprendre pourquoi je le ressens, et tu l'as si joliment fait, parfait!
C'est toutes ces petites choses qui enracinent a notre pays, qui passionnent, et que rien ne pourra detruire ...
je pense a ces paroles de JJ Goldman:
"Et loin de tout, loin de moi
C'est la que tu te sens chez toi
De la que tu pars, ou tu reviens chaque fois
et ou tout (tout ou tu?) finira(s)"
Fais attention a toi, et j'ose esperer qu'on se reverra bientot a Beyrouth pour celebrer ... le Liban
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Merci Nadine,
Ton départ va me priver de ma source d'info quotidienne sur le Liban... Ton blog est un bel exemple de lutte!!
On t'attend avec impatience!
Nad,
Je t'ai appelé en espérant te parler avant ton départ... on m' a dit: "Nadine Sefaret". Je te souhaite une bonne 'traversée'... on rira... c'est promis...
Ma chere Nadche, prends soin de toi. Ton objectivité et ton coeur m'ont portée, à Beyrouth. Avec toi, avec Joy, avec beaucoup d'autres, nous ferons des choses superbes.Après des semaines de choc, on a la rage de vivre dans nos paysages familiers, dans nos rues ombragées, c'est drôle comme il suffit de peu de matière pour que subsiste la vie, et plus jamais, jamais je ne voudrais sentir qu'on m'a traitée comme un cafard, qu'on a sprayé et refermé la porte pour m'exterminer. Je veux qu'on soit des hommes, des femmes qui rentrent par la grande voie, après avoir été des rats qui fuient le bâteau qui coule. Animaux pour animaux, je veux être une belle et noble bête, homo sapiens, face aux cyniaques hyènes qui font office de voisins et de communauté internationale. Qu'on nous foute la paix, comme le dit mon T-shirt en français. Je t'embrasse, à bientôt, belle cavalière. Caroline.
En amour, mépriser l'autre conduit à de graves désagréments.
A la guerre aussi.
Israël reconnait aujourd'hui 16 chars touchés.
San.
bonjour Nad,
je viens régulièrement prendre des nouvelles du Liban, de Beyrouth par tes mots...
Tes mots, ton regard de là bas, si juste, ceux qui portent la paix, malgré le bruit des bombes, et le noir...
j'apprend ton départ pour Paris, ton déchirement à quitter ton pays...Je ne peux te souhaiter que le bonheur, chère Nad..
Savoir que mm dans mon pays, tu continueras ton blog, me fais énormément plaisir, une façon de faire vivre l'espoir, ou que tu sois...je continuerai à te lire...
j"ose te demander une faveur, connais tu un autre lien, un autre blog, en direct du Liban, de Beyrouth, ou nous pourrions continuer à avoir des nouvelles de ce qui se passe sur place, autre que celle des infos nationnales...
mais pour le moment, je pense à toi, à mon ami à beyrouth est de qui j'ai si peu de news, à tous ceux qui souffrent, prends soin de toi nadine, tu es une jeune femme merveilleuse, et tes mots oeuvrent pour la paix...
bien à toi, et à bientot, NAD
Nathalie
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